lundi 2 octobre 2017

Tu auras peur...

Depuis quelque temps, je me prépare à diriger des parties de jeux de rôles Beast : The Primordial. Ce jeu d’Onyx Path, quasiment absent des rares rayons de jdr en France, propose d’interpréter des personnages dont l’âme est en lien direct avec l’univers spirituel de la Sombre Mère (Dark Mother, Lilith, etc) ; ce lieu dans les tréfonds de l’Umbra où naissent les peurs et les cauchemars. Depuis la nuit des temps, l’Homme a eu peur et c’était bien comme ça, car c’était pour son bien. Pour schématiser, vous vous brûlez en général une fois volontairement sur une flamme, mais pas deux (si vous êtes maso, c’est un cas particulier). De fait, dans la mythologie, les mythes et parfois mêmes certaines histoires avec un grand H, on note la présence de monstres, de lieux effroyables, on souligne la peur de la nuit, l’insécurité dans les campagnes, la Méduse qui vous pétrifie d’un regard, etc. Toutefois, l’Homme s’est avec le temps mis en sécurité. Il a érigé des murailles, fait grossir ses villes, a ajouté des lumières partout, jusqu’aux caméras et s’efforce de ne plus avoir peur. Mais on vient de vous le dire, la peur est importante pour l’humain, dans sa nature profonde et aussi pour sa survie. Alors, il s’est créée de nouvelles peurs : l’étranger, le contrôle des machines, etc. 

(Ce n'est pas pour rien que la peur doit être comprise et appréhendée par le Jedi)

Mais ce n’est pas suffisant. Et c’est là que les personnages interviennent, car eux « éduquent » les mortels à avoir peur, et aussi se nourrissent de ces peurs et ces cauchemars. Donc, oui, vous interprétez des gens pas très sympa, ceux qui véhicules l’arachnophobie ou, parce que c’est à la mode, la coulrophobie (peur des clown), entre autre. Mais ce qui est intéressant là-dedans sera comment et pourquoi vous le fait. Et ce que je trouve fascinant aussi est le parallèle entre les Beast, et les auteurs/trices et artistes. Leur fonction je veux dire. Ceux qui illustrent la peur, ceux qui mettent en garde, la science fiction et le fantastique en tête de proue. Mais si, vous savez, ces « sous genres »…



Revenons aux Beast. Evidemment, il ont des Némésis ancestrales. Ce sont tout simplement les Héros, des personnes ayant conscience de la présence des Beast. Ils les combattent pour protéger l’humanité. Là encore, les exemples dans la mythologie ne manquent pas, ce sont de véritables stars… Les Beast comprennent en général la  fonction et la volonté de leurs actions. Ils ne ‘en défendent pas moins car un Héros qui débarque dans la Tanière d’un Beast peut faire des ravages. Toutefois, il ne faut pas oublier certains critères pour savoir qui est le méchant de l’histoire. En effet, le Héro va chercher à tuer le monstre, mais pourquoi ? Pour le défaire, certes, mais aussi pour la gloire. La preuve en est, les plus grands ont leur place aux panthéons des mythologies. Et en définitive, quand ils ont tué un Beast, ils en veulent d’autres, ils souhaitent attirer le regard de la communauté sur eux, être le centre de tout. En gros, c’est un phénomène de starification bien connu de notre société moderne. Par ailleurs, on oublie par exemple que Méduse, pour devenir ce qu’elle est, elle a été violée par son beau-père Poseidon dans un temple d’Athéna. Et cette dernière, au lieu de l’écouter et de rendre justice, elle l’a maudite. Cool, hein ? Méduse est donc le monstre ou la victime ? Est-ce là encore un phénomène d’actualité dans notre société ? Je vous laisse méditer là-dessus.


A coté de tout ça, j’ai vu récemment le début de la dernière saison d’American Horror Story. Je déconseille fortement aux coulrophobes. Comme les saisons précédentes, c’est une histoire à part entière sur une thématique horrifique. Ici pas de maison hantée, de couvent maudit ou de carnaval de freaks. Non, ça commence par l’élection de Trump et ça traite de la peur.  Plus précisément de la peur de l’autre, l’étranger, l’homosexuel, le « différent ». Et pour y remédier, il y a l’ultra sécurité, celle qui enferme dans la paranoïa… et la peur. Ainsi, même si je réserve mon avis sur la qualité de cette saison, il est intéressant de voir comment la peur contemporaine existe et est véhiculée pour prendre le contrôle des masses : étrangers, terroristes et pertes de libertés sont mélangées à tout va. On parle de la peur, de la connaissance de cette peur et comment elle est véhiculée. Par exemple, par les réseaux sociaux : le fait de toujours être au courant d’un malheur ou un désastre dans le monde augmente le stress quotidien paraît-il. Néanmoins, la société  nous en abreuve, voire, fait en sorte de créer un manque car c’est aussi par ces médias que les informations libres sont transmises. La dépendance à la peur est là, même si elle est cause de grands stress. Et si j’avais encore un doute, en sortant du métro ce matin, j’ai trouvé un journal « d’informations » gratuit avec pour titre en gros et gras : « Effroyable ».

(visuels d'American Horror Story)


Alors finalement, c’est intéressant la peur, non ? Oui, car elle est le reflet de notre société, celle où la police violente les populations pour les remettre dans le droit chemin par son biais pour endiguer l’expression des idées. La peur c’est ce qui se cache derrière le masque. Comme celui du clown quand il est hors du cadre du cirque, des terroristes ou des casseurs de manifs (sont-ils si courageux de ne pas montrer leur visage ?), ceux du personnage de V pour Vendetta utilisés par les hacker Anonymous (cette fois ce sont les institutions qui ont peur), ou ces masques blancs presque lunaire que des braqueurs utilisent… Ce n’est pas pour rien que le masque est utilisé dans de nombreux films horrifiques. Et je passerais sur les masques rituels, religieux ou ceux des super-héros.
Mais il est important d’avoir peur. Non pas stupidement, manipulé par des médias prônant des invasions qui ne sont que des migrations de personnes en détresses, mais psychologiquement car il est important pour fixer une peur sur un objet. C’est à dire, telle Méduse, pétrifier cette peur, l’avoir face à soi, la rendre présente mais la préserver dans un cadre « sous contrôle » afin de ne pas se laisser envahir ou déborder. Ce dernier point je l’ai trouvé dans une brève recherche sur Internet…j’ai peur que ça soit vrai.


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