samedi 30 avril 2016

lecture de Dark eras : étape 1



Dark eras _ Chronicles of Darkness
Chapitre : A Handful of Dust

Petit retour de lecture sur ce chapitre du nouveau/prochain livre de chez Onyx Path dans sa gamme Chronicles of Darkness. J’ai participé au financement participatif via la boutique Trollune (que je remercie au passage). Et comme le pdf est sorti pour nous faire patienter jusqu’à la version papier, je me suis plongé dans le premier cadre de jeu qui m’a motivé à acheter ce pavé de 600 pages.
Nous avons ici 28 pages de sables et de poussière, juste après le krach de 29. Nous sommes dans le sud des USA, dans les années 30, zone qui a subi une sur production agricole qui a entraîné l’assèchement des sols, son appauvrissement et aussi sa désertification. Il n’y a plus d’arbre ou de végétation pour retenir le sol et l’humidité… S’enchaîne alors une longue période que l’on appelle les Dust Bowl. Au programme, famine, désertification, villages abandonnés, tempêtes de sables traversant le pays, maladie… Que du bonheur ! Si vous voulez un aperçu, regardez (de nouveau ?) la série Carnivale (surtout la saison 2 - une de mes séries préférées de le monde !).


Bref, un cadre de jeu idéal pour Promethean : The Created. Ca résonne tellement comme le jeu sa quête d’humanité, son voyage permanent et sa (dé)construction que je me suis jeté dessus. Tout le premier chapitre est bon. De l’historique, comment on en est arrivé là, les maladies engendrées, comment on vit cela au quotidien, le racisme, les mentalités… C’est bien écrit, bien synthétisé et même pour moi qui me suis pas mal documenté sur le sujet pour d’autres projets, on apprend des choses. Ne serait-ce que des petits détails du quotidien, ou des expressions, jargon de l’époque. Une dizaine de pages très efficaces !
Ensuite, on continue sur le surnaturel. Environ quatre pages intéressants qui expliquent les thématiques et le lien avec le jeu Promethean. À partir de là, on a même pas mal d’encarts « Milestones » qui permettent de cadrer la mécanique de jeu (nb : les Milestones, ce sont les étapes importantes dans la quête d’identité des Promethean. Des balises personnelles à résoudre pour avancer sur sa « voie »). On tombe rapidement dans le chapitre qui m’a déplu : Seeds Chronicles. D’un côté il paraît incontournable tellement il est cliché, mais de l’autre j’aurais aimé plus de travail pour une mise en place de scénario. Sans surprise, le cadre de jeu proposé est une caravane qui montreuse de Freaks. On arrose ça d’un conflit entre deux PNJ et on vous fait croire que c’est bien. En fait, non. C’est fade.
Les pages suivantes sont plus intéressantes. On avance par le nouvel archétype de Promethean : les Hollow. Résidu de sable, mort et recomposé. Pourquoi pas. Pas transcendant mais ça fonctionne alors pourquoi se priver. Deux pages plus tard on enchaîne sur les Dust Devils. Des créatures étranges aux Pandoras du cru, avec des transmutations nouvelles et des petits trucs sombres à souhait. Là il y a un peu de matière avec en plus des idées de scénario. Le niveau remonte sensiblement. Heureusement car nous sommes déjà à la fin. Dix lignes d’inspirations et références plus tard (certaines sont biens) et c’est plié.



Donc, au final, je trouve que c’est assez bien, je reste sur ma faim. Ils auraient pu faire tellement mieux s’ils n’avaient pas opté pour la caravane de la facilité. J’y trouve de quoi y faire quelques scénarios, mais plutôt en one shot qu’en campagne promise. La déception est au bout du chemin de sable, un goût de poussière dans la bouche.
Je m’en vais lire les autres chapitres, notamment l’autre thème chouchou : les Vikings !

pour plus d'infos sur Dark eras : 

mercredi 27 avril 2016

L'enfant mitrailleuse, le roman armes en mains




Il y a 5 jours, mon second roman est sorti. Un petit pas de plus dans ce métier d’auteur écrivain, un pas gigantesque dans celui des projets. En effet, ce thème, les enfants soldats, est l’un de ceux qui me tient à cœur depuis longtemps. D’abord sensibilisé par des grosses productions américaines, je me suis vite retrouvé à lire des autobiographies. Des bouquins poignants, violent, des mots qui prennent aux tripes. Ça fait dix ans que ça me trotte dans la tête. J’ai eu l’idée d’en faire un jeu. Puis, en tant qu’illustrateur, d’en faire un album… rien de tout ça n’a jamais pris forme. C’est pourquoi, naturellement, est arrivée cette histoire.


Je me suis pas mal documenté, grâce à des documentaires, des livres et des sites d’ONG comme l’UNICEF et Amnesty International. Je ne voulais pas en faire un cliché sur les enfants soldats africains, tout simplement parce qu’ils ne sont pas les seuls. On en trouve presque partout dans le monde. En tout cas, dans tous ces coins de la planète où les pays dits civilisés, ou occidentaux, sont capables de créer des guerres pour des ressources naturelles (pétrole, diamant, gaz, etc.), ou simplement pour vendre des armes. Car oui, si ces gamins existent, s’ils ont une arme en mains, c’est parce que nos pays leurs vendent. Et la France est loin d’être la dernière dans le business militaire. Je vous passe le laïus sur le trafic d’armes permettant aux terroristes de revenir vers nous fusil mitrailleur au poing…


Mais voilà, nous y sommes, une histoire, un témoignage, une fiction. J’ai toujours aimé créer de l’émotion dans ce que je fais, dessin, jeu ou autre, alors la vision du petit soldat sur la voie de sortie, ça m’a paru évident. Et comme je voulais du positif, je l’ai déniché au seul endroit où il se trouvait pour une happy end.
Je vous laisse lire le livre, avec son mini dossier sur les enfants soldat à la fin. Je vous laisse découvrir que ce ne sont pas des mômes comme les autres, qu’on les entraîne à tuer, qu’on les drogue et qu’on les torture, ou pire. Rassurez-vous, ce livre destiné aux ados, aborde certains de ces points uniquement de manière indirecte ou métaphorique. Pas besoin d’en dire plus, on a compris…

vendredi 15 avril 2016

Mon premier 45 mars

Hier, je me suis rendu à la commission #AuteursDebout pour ma première #NuitDebout. Cet élan populaire qui dure depuis plusieurs jours m’a semblé très positif et m’a intrigué. Lorsque #AuteursDebout s’est constitué sur les réseaux sociaux, j’y ai trouvé l’excuse pour me rendre à République, voir ce qu’on y faisait, voir réellement ce qui s’y passait et non pas avec la vision tronquée de la plupart des médias.

La sortie principale du métro a été fermée par la police assez tôt, je suis donc sorti en bordure de la place, ce qui m’a permis d’avoir un aperçu plus global. La première chose que j’ai vue, ce sont des gens qui n’ont pas de rapport avec #NuitDebout et qui squattent pour boire de la bière. Chacun fait comme il veut, mais c’est dommage de nuire au mouvement par cette image alcoolisée. Les médias sont déjà assez forts pour saboter l’image. Encore aujourd’hui, de bon matin la première news sur laquelle je tombe est « les casseurs en bordure de Nuit Debout ». Résultat, des vitrines défoncées et c’est tout. Au vue des actions de certains policiers et CRS, je trouve ça assez limité de ne montrer que du verre brisé avec ce titre putassier.


Je me suis donc mis en quête de #AuteursDebout. J’avais un peu d’avance, j’ai effectué un crochet par l’AG principale. En passant dans les allées, sous la pluie, j’ai d’abord été étonné par le monde, puis par l’ambiance posée. Ce sentiment s’est prolongé en écoutant l’AG durant plusieurs minutes. Loin des clichés vendus par les médias, ici pas de lycéens hystériques, de bobos présents pour s’écouter parler ou je ne sais quoi d’autre. Il y a un temps de prise de parole pour tout le monde, une gestuelle à suivre pour communiquer, et surtout, des gens à l’écoute. Il y a une sorte de respect mutuelle…et général. Je suis passé au moment où une personne se plaignait que tout ça se limite à raconter ses problèmes et que le mouvement n’avance pas. À la fin de son intervention, une autre personne lui a simplement répondu qu’on avait dans une premier temps besoin de vider son sac, de partager son quotidien difficile avant d’avancer. On ne parle pas là de thérapie de groupe, je vous rassure, mais bien d’exprimer verbalement les problèmes de la société, par du vécu et à cause de toute cette pression quotidienne. Ensuite est intervenue la Commission Sérénité, pour les problèmes d’alcool en périphérie de NuitDebout, puis un message en langage des signes. Une expression signifiant que durant les dernières présidentielles et contrairement à d’autres pays, les informations et discours n’avaient pas été retranscrites en langage des signes. De fait, la population malentendante, s’était trouvée reléguée au rôle de sous population…
Liens vers ma vidéo Instagram : https://www.instagram.com/p/BEMJmI3MuSv/?taken-by=fablyrr
 
Quelques minutes plus tard, je suis tombé sur un premier groupe d’auteur(e)s au sens large puisque c’était des graphistes. On échange nos prénoms, on me demande ce que je fais comme boulot, je demande de même. On discute. C’est la première essence du mouvement selon moi. Et on trouve de tout sur place, cette jeune femme menacée par son père d’être virée de la maison si elle ne rapporte pas d’argent (du coup elle n’a pas le droit d’être illustratrice), à l’autrice heureuse dans un premier temps d’avoir enfin assez d’argent pour en vivre mais devant les charges des Agessa, obligée de reprendre un autre boulot pour survivre. Ce ne sont que deux exemples parmi des dizaines.

Enfin, ils me conduisent au coin qui nous est dédié et en une poignée de minutes, une équipe de la Commission Logistique installe la tente-bâche. Des pros, habitués à savoir sur quel arbre accrocher une corde, etc. Pendant ce temps-là, je discute avec Claire et ses amis. Claire n’en est pas à sa première NuitDebout. J’apprends alors quelques événements dont les médias ne parlent pas. Le harcèlement des CRS, les difficultés du quotidien et la super organisation de mise en commun de matériel et compétences. C’est là que j’ai appris qu’il y a peu, lors de l’installation de la sono, des CRS ont tenté de venir la prendre. Pourrait-on dire VOLER ? Mais NuitDebout à fait bloc et a défendu son bien…
On passe ensuite à la première réunion #AuteursDebout… en partageant la tente avec #DessinDebout. Des échanges sur les problématiques générales avec des auteurs, photographes, illustrateurs, dessinateurs, plasticiens… Quelques points communs se dégagent de l’heure d’échanges : tous dans le besoin, des droits d’auteurs faibles, de la paperasse et les casquettes de métiers connexes à notre profession nous tuent peu à peu (il faut être comptable, juriste, commercial, etc), et il faudrait définir les grandes lignes de tout ça ensemble, pour avancer et revendiquer uns statut commun, par exemple. Des idées sont lancées sur des SCOP, s’inspirer du statut des intermittents, être payé à l’heure ou à la surface couverte (en expo par exemple), etc. Durant ses échanges, un musicien passe pour souligner comment fonctionnaient les squattes organisés de Montreuil. Vous savez, la victime du Flash-Ball qui « squattait » En réalité, ces squattes étaient des organisations libres, se réunissant pour mettre en commun leurs compétences, par exemple compléter des dossiers Pôle Emploi, et une fois tout cela au propre, ils bougeaient à une centaine pour des sittings afin de réclamer des réponses aux institutions : pourquoi étaient-ils radiés de Pôle Emploi alors que rien ne le justifie, ce genre de choses… C’est pour le moment un pot-pourri dont il faudra en tirer le meilleur, mais ça fonctionne.


Au final, nous nous sommes donné rendez-vous jeudi prochain le 52 mars (21 avril) à 20H pour dégager les premières grandes lignes #AuteursDebout.
C’était une réunion très positive, autant humainement que professionnellement. D’ailleurs, au passage, TVDebout manque de dessinateurs live. J’ai cependant regretté l’absence de membres actifs de La Charte et du Snac BD, des piliers de mouvements sociaux de nos professions et des gens souvent très qualifiés pour parler de sujets plus techniques.

Enfin, en partant, je me suis promené dans le campement nocturne, très paisible : expos photos, théâtre, concert, prises de parole d’infirmiers, curieux… 






Jusqu’au moment où un fumigène de couleur est lancé à l’autre bout de la place de la République. Cris et autres. Comme j’étais armé de mon appareil photo, je me suis rendu sur place pour au moins transmettre d’éventuelles infos en image. Une ligne de CRS quitte le Boulevard St Martin au pas de course et rejoint le Boulevard Magenta. Petit mouvement de foule. De l’autre coté, les lycéens et leur « Manif Sauvage », c’est-à-dire des plusieurs dizaines d’ados scandant « : Debout Paris ! », et autre messages ultra violent… Enfin, j’imagine que c’est le cas car une ligne de CRS s’est formée à l’entrée du boulevard. En position, ils ont tenus, se sont calés derrière leur bouclier et d’un seul coup se sont mis au pas de course sur 20 mètres en hurlant. Autre mouvement de foule. Le boulevard est bloqué. Et arrivant du boulevard du Temple, plusieurs camions de CRS en renfort ont débarqué côté boulevard St Martin. C’est assez impressionnant ces meutes de CRS. Donc oui, nous nous sommes retranchés vers le métro. Je suis parti peu de temps après. Ce qui est triste, c’est que normalement la police est là pour aider et défendre le citoyen. Là, c’est l’inverse. Leurs déplacements tactiques, leurs courses en beuglant… On a reculé non par le respect qu’ils devraient imposer ou leur légitimité, mais par la peur qu’ils provoquent : on ne sait pas où et quand ils peuvent frapper, ni pourquoi. C’est le genre d’attitude qu’on est censé reprocher à des criminels, à ces fameux « gangs de banlieues » Quelles consignes ont-ils reçu ? Pourquoi s’en prendre à des mouvements citoyens pacifiques ? NuitDebout fait-il peur ? Est-ce parce que les gens discutent, réfléchissent et ne sont plus bercés par la douce mélodie des médias pointant du doigt l’étranger, ou l’instant où une star trébuche ? De quoi avez-vous peurs Messieurs Hollande et Valls ? Que l’on perçoive enfin vos mensonges et votre incompétence ?

 
Je ressors de là avec (une cheville tordue mais rien de grave) un sentiment positif. Et cette phrase qui est en tête et sur toutes les lèvres : il se passe quelque chose. Une impulsion positive. Une réflexion de notre société. Non, NuitDebout ce n’est pas les Indignés, ou Mai 68. Car c’est en France que ça se passe, car c’est non violent. Ce qui ennuie les médias est peut-être aussi qu’il n’y a pas de chef. C’est un regroupement d’individus au même niveau, vous savez comme ces entreprises à l’organisation horizontales qui fonctionnent et qui ne plaisent pas aux dirigeants (replongez-vous ans l’affaire Lip https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Lip )




Ce qui ennuie l’Élysée et les politiques c’est qu’elle n’a aucun contrôle dessus. Ce qui nous ennuie ce sont les policiers violents, infiltrés dans les manifs et casseurs… Ce qui me réjouit c’est d’y avoir été, d’y retourner, de jouer le rôle du colibri avec sa goutte d’eau. Personne ne sait aujourd’hui ce que ça donnera, mais tout le monde peut contribuer au mieux.




Dans un premier temps, je vous invite à vous faire une idée de NuitDebout par vous-même. En vous y rendant (il y en a dans de nombreuses villes) ou en vous informant véritablement par TVNuitDebout ou RadioNuitDebout, ou d’autres moyens en usant du #NuitDebout. Car la première force c’est l’information. Quand hier j’ai entendu à la radio un homme dire qu’il fallait respecter les décisions des personnes élues comme la ministre El Khomri. Non, monsieur. La seule personne élue est F. Hollande, avec une équipe qu’il a radicalement changée, en plus de ne pas avoir appliqué le programme pour lequel il a été élu. C’est un peu comme sous l’ère Sarkozy où l’on parlait de « Première Dame ». Ce terme américain qui ne veut rien dire, des paroles de Carla que les médias attendaient : hey, oh, personne n’a élu c’est « chanteuse », même ceux qui ont voté pour Sarko n’ont pas mis un bulletin Carla, elle n’a pas plus de droit de parole qu’un autre citoyen.
Donc informez-vous. Et les auteurs et illustrateurs, venez nombreux car tous les avis sont importants pour avancer. J’en ai assez d’entendre que même parmi nous, il y a une attitude de « marche ou crève, tant pis pour toi, moi j’ai survécu ». Car oui, quand un auteur touche à peine le RSA, la solidarité c’est important. Quand un ami se retrouve à perdre son contrat d’illustrateur qui le fait vivre, qu’il en parle en salon et qu’on lui retourne que c’est normal, que ça tourne comme ça. Non ! Il faut inverser le sens du cercle, le rendre vertueux contre le système pourri. Contre ce qui a déclenché le mouvement : Contre la loi El Khomri, celle qui tue les gens et le travail !

  
- Lien vers la Manif Sauvage : https://www.periscope.tv/w/1RDGlpEBEwoGL
- Lien vers mon Periscope avec des vidéos sur #AuteursDebout : https://www.periscope.tv/Fablyrr/1lPKqDErMVWxb
- Lien vers TVNuitDebout : https://www.youtube.com/watch?v=OBedl7kzBg0

Pour le reste, n’oubliez pas les #. Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, mettez le #NuitDebout et/ou #AuteursDebout dans les moteurs de recherches et ça vous sort la liste des pages qui citent ce #. Moyen facile de suivre.  
 
 #45mars